du Vanil des Artses

du Vanil des Artses Berger catalan

Berger catalan

Jeux de prestiges....

Nous connaissons tous les jeux de prestiges de nos amis les chiens, nous savons qui est le dominant et qui est le dominé dans notre meute. Les signes sont bien connus : le poil du dos est hérissé, la queue raide et redressé, les babines retroussées, le regard fixe , tout les muscles tendus, les oreilles pointant vers l’avant. Un chien optant pour cette attitude joue le tout pour le tout . Quand à savoir s’il occupe pour cela le rang le plus élevé , c’est une autre question .



Peut-être que le chef de meute , celui qui se trouve réellement au sommet de la hiérarchie est justement celui qui ne se manifeste pas , celui qui agit comme si de rien n’était, celui qui traverse nonchalamment la meute en agitant librement sa queue ?



Les chiens se trompent rarement sur leur statut mutuel , ce qui ne les empêche nullement d’exécuter toutes sortes de petits jeux entre eux et aussi envers leurs maîtres afin d’obtenir un changement de leur statut ; ainsi le dominé qui se tient avec la queue rentrée entre les postérieurs et qui tente quand même de voler un gâteau , le chiot qui lèche les babines du vieux mâle et en profite pour lui faucher quelques miettes dans sa gamelle. Il est probable que si les chiens se livrent à ce style de petits jeux dangereux , c’est que quelque part cela les émoustillent un peu.



Je me rend compte bien souvent comme leurs petits jeux de prestiges diffèrent peu des nôtres , comme leur répartition entre supérieurs et inférieurs est tout aussi évidente .Les éleveurs aiment parler des rapports de force au sein de leur meute de chiens . Se rendent-ils compte de la nette distinction entre les alphas humains et les sous-hommes pendant les expositions canines ? Là , il n’y a pas uniquement que les canidés jouant leurs jeux de prestiges entre eux ou vis-à-vis de leurs maîtres , les humains eux-mêmes exécutent (toutes disciplines confondues ) de superbes clips vidéo .



Il y a l’exposant ou le petit particulier qui se fait tout petit devant le juge , même devant les autres concurrents , qui se cache derrière son chien , qui le tripatouille sans arrêt . Il s’excuse pour ainsi dire d’être là ; toute son attitude démontre qu’on le classe à la dernière place .



Il y a l’exposant qui pénètre dans le ring en prenant le maximum d’espace , qui s’arrange pour que son chien soit toujours 50 cm. en avant , bien en dehors de l’alignement , pour qu’on ne puisse pas le rater et que les autres soient hors de vue ; qui regarde fixement le juge et se comporte comme si les autres étaient du menu fretin . Cet exposant-là joue le tout pour le tout . Parfois , cela peut réussir , tout dépendra encore une fois du statut du juge.



Ce qui m’amuse bien plus , ce sont les petits jeux de prestiges des juges ( beauté ou travail peu importe ). Il y a leur manière d’entrer en scène :si ils jouent gros, ils donnent l’air du général qui passe ses troupes en revue avant la bataille, ils marchent d’un pas énergique, ils ont le geste amples, la tête haute, leurs ordres sont brefs, leur visage réprobateur, leur regard glisse régulièrement vers les spectateurs. Ils jouent les messieurs importants, mais ne le sont pas toujours.



Il y a les juges affables, hésitants, qui ne croient manifestement pas eux-mêmes que leur place soit au centre du ring. Ceux-là ne jouent pas petit, ils sont petits. Il y a aussi les juges qui jouent sur le mode mineur , la tête penchée, un sourire aux lèvres, le geste court. Ceux-là disent clairement « Je fais comme si je n’étais rien du tout, mais patience, je vous aurai ! »



Enfin, il y a le juge qui pénètre dans le ring comme si il était chez lui , qui est courtois, qui parle peu, mais regarde les chiens avec beaucoup d’intérêt. Celui-là ne fait pas l’important, il est important.



Il y a les photographes qui jouent une manche entre eux : je me mets là et que tout le monde sorte de mon champ ! (ça ne réussit jamais ; c’est essayer en vain de jouer gros),je me place carrément devant ton objectif (ça réussit parfois). Il y a le pauvre type qui n’a jamais le chien en entier dans son objectif. Et il y a le public. Entre eux, ils ont parfois le verbe haut, moi-je...ceci...cela... ; ils s’élèvent jusqu’au nues, puis le président du club ou le juge passe devant eux et ils enlèvent mentalement leur couvre-chef.



Enfin, il y a les chiens, ils se mesurent, ils se flairent, la queue dressée, la queue basse, les oreilles pointées vers l’avant, les oreilles rabattues vers l’arrière.



Ils nous manquent ces attributs mobiles. Quel dommage ! Tout serait clair sur le champ.



On peut se demander aussi , qui copie l’autre dans ces jeux de prestiges, est-ce l’humain ? Ou est-ce le chien ? Je vous laisse réfléchir.







Renaud Sylvie







éleveuse passionnée et je l’espère passionnante ?